Abstract:
Préface
Dre. Amira SOUAMES
Pre. Wahiba ZELLAGUI
Nous vivons dans une société en perpétuelle
mutation qui exige qu’on s’adapte à ses
nouvelles exigences. Tout comme les secteurs
économique, industriel ou autre, l’enseignement doit
actualiser ses pratiques et développer de nouvelles formes de
compétences. Pour ce faire, l’enseignement doit passer d’une
pédagogie purement transmissive vers une pédagogie active
qui se centre principalement sur l’étudiant ou l’apprenant et
sur la construction du savoir en individuel ou en équipe. Ce
sont ces nouvelles compétences que la classe inversée tente
de développer. Nouvellement introduite dans l’enseignement
supérieur, elle est définie non pas comme une simple méthode,
mais plutôt comme « un ensemble de techniques et de méthodes
[...], des petits chemins de traverse » (Lebrun, 2017). Cet «
environnement » (Lebrun et Lecoq, 2015) permet à l’étudiant
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de mutualiser et de collaborer dans le but de développer en plus
des compétences disciplinaires des compétences transversales
indispensables pour vivre dans une société en perpétuelle
mouvance.
En effet, la classe inversée connait un succès grandissant et
illustre parfaitement l’innovation pédagogique : de plus en plus
de professeurs à travers le monde modifient leur façon de “faire
la classe” pour passer à un modèle plus pratique et plus humain.
Ce modèle part d’une idée très simple : le précieux temps de
classe serait mieux utilisé si on s’en servait pour interagir et
travailler ensemble plutôt que de laisser une seule personne
parler.
Le concept de classe inversée décrit un renversement
de l’enseignement traditionnel. Les étudiants prennent
connaissance de la matière en dehors de la classe, principalement
au travers de lectures ou de vidéos. Le temps de la classe est
alors consacré à un travail plus profond d’assimilation des
connaissances à travers de méthodes pédagogiques comme la
résolution de problèmes, les discussions ou les débats.
Cet engouement vis-à-vis de la classe inversée soulève de
nombreuses questions : une telle approche produit-elle les effets
annoncés ? Présente-t-elle des avantages ou des intérêts non
anticipés ? Quelles sont les difficultés vécues par les étudiants
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qui la vivent ? Par les enseignants ? Une telle approche convientelle
à tous les étudiants, à toutes les disciplines ou à tous les
objectifs d’apprentissage ?
Afin de répondre, du moins en partie, à ces questionnements,
nous proposons une recension des écrits qui se veut un état
actuel des connaissances scientifiques relatives à la classe
inversée en enseignement à la fois du point de vue des étudiants
et des enseignants, à partir d’études empiriques. Nous mettons
également en évidence quelques recommandations pour son
implantation en classe.
De plus , l’engouement récent pour la classe inversée s’inscrit
dans une dynamique d’innovation en éducation dans laquelle
le numérique tient une place importante. Cette approche,
approuvée par un grand nombre d’enseignants, soulève
néanmoins deux grandes problématiques : Le modèle scolaire
est-il vraiment adapté aux modes d’apprendre actuels ?Fautil
y voir le signal d’une transformation lente des systèmes
éducatifs ? Bruno Devauchelle explore les différentes facettes
des pratiques et des discours à propos de l’inversion en
pédagogie pour interroger plus globalement la problématique
de la transmission des savoirs. Il propose une analyse des
pratiques allant du travail des élèves à la maison aux formes de
conduite de la classe en prenant en compte l’école, mais aussi
l’université et la formation continue. La possibilité de situer la
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classe inversée dans un changement de paradigme pédagogique
demande à revoir les méthodes d’investigation (Devauchelle,
2017). Selon Jean-Charles Cailliez).
L’innovation pédagogique, ce n’est pas tout réinventer, mais
voir comment on articule de nouvelles façons de travailler avec
de plus anciennes. (Jean-Charles Cailliez)
La visée de cet ouvrage est d’offrir un éclairage le
plus complet possible sur la classe inversée dans le but de
faciliter la mobilisation de celle-ci ou d’alimenter une réflexion
sur cette approche pédagogique. Bien que la classe
inversée ne semble pas être une panacée et qu’elle
nécessite diverses aptitudes technologiques ainsi qu’une
période importante de création de matériel pédagogique, il est
de notre avis, qu’avec un soutien adéquat, elle peut contribuer
à bonifier l’environnement d’apprentissage, notamment
pour les classes hétérogènes d’aujourd’hui.
Cet ouvrage est également l’occasion d’inviter des
conférenciers acteurs dans le domaine du numérique et de
l’innovation pédagogique en classe inversée pour présenter
leurs visions et leurs travaux par rapport à cette thématique ainsi
que les enseignants des universités impliqués dans des projets
dans le domaine de l’innovation pédagogique et de la classe
inversée ou l’amphi inversé pour partager leurs expériences.
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Ainsi, deux grandes thématiques viennent organiser et
structurer nos chapitres. Les cinq premiers sont regroupés sous la
première partie « Partage réflexif au sujet de la classe inversée»,
alors que les sept suivants sont rassemblés sous la deuxième
partie «Potentialités pédagogiques et méthodologiques de la
pédagogie inversée : théorie et pratique proposant des réflexions
méthodologiques et théoriques ainsi que des observations
et résultats tirés de la pratique, les onze chapitres discutent et
présentent la pédagogie inversée. Ils permettent d’approfondir
la compréhension de cette importante mutation dans le système
éducatif et la façon dont l’intégration du numérique prend forme
dans le contexte de la pédagogie inversée avec les innovations
qui en découlent.
CHAPITRES 1 À 5: PARTAGE RÉFLEXIF AU SUJET
DE LA CLASSE INVERSÉE
Dans le premier chapitre intitulé : la classe inversée, une
nécessité à l’université : quel impact ? Rédigé par Hassiba
Aissat, l’auteure présente une application empirique d’un
référentiel de compétences en encadrement à distance à une
population étudiante hétérogène de l’application de l’exercice
de la classe inversée. En effet, la pédagogie universitaire ne
cesse d’évoluer aux fils des temps en mettant en exerce de
nouvelles méthodes et pratiques mises en place à cause de
nombreux facteurs. L’auteure de cet article constate que la
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classe inversée est une nouvelle pratique qui voit le jours dans
le milieu universitaire en Algérie pour des raisons sanitaires
à cause de la pandémie mondiale la Covid-19. Il s’agit d’une
pratique importante qui a marqué l’enseignement universitaire
par son impact positif sur l’enseignant et l’étudiant grâce à son
efficacité démontrée sur le terrain.
Dans le deuxième chapitre intitulé : Impacts de la classe
inversée sur l’enseignement / apprentissage du français à
l’université algérienne : vers une classe apprenante, Samira
Rabehi présente la pédagogie de la classe inversée et son
impact sur les apprentissages.
L’objet de sa communication est de réfléchir aux apports de
la classe inversée comme approche pédagogique dont l’usage
des nouvelles technologies permet que le cours magistral,
traditionnellement effectué en classe de français langue étrangère
(FLE) , se réalise en dehors de celle-ci et que les activités
d’apprentissage qui se produisent habituellement en dehors
de cette classe se réalisent en classe avec l’accompagnement
de l’enseignant , et ce, en envisageant une différenciation
pédagogique. Ainsi, elle présente les particularités de la
classe inversée ayant pour enjeu d’apprendre aux étudiants à
apprendre.
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Fatima Chadi, Rachida Chadi et Pre. Wahiba Zellagui dans
le troisième chapitre intitulé : Classe inversée: nouvelles
pratiques enseignantes pensent que, la classe inversée ne
cherche pas à transformer les méthodes d’enseignement,
au contraire ; il s’agit plutôt d’utiliser des stratégies plutôt
conventionnelles (enseignement magistral, travail en équipe)
dans un contexte différent. Il est nécessaire de dégager les
potentialités propres à ces nouveaux outils technologiques.
Le quatrième chapitre intitulé : De la méthode traditionnelle
à la classe inversée : une nouvelle stratégie à l’ère numérique,
écrit par Amar Gheraoui permet d’apporter un certain éclairage
sur la question del’apprentissage inversé a modifié les rôles
traditionnels d’apprentissage. Il a essayé à travers cette étude
d’apporter quelques réponses à des questions fondamentales,
en l’occurrence : Qu’est-ce que l’apprentissage inversé ? Quels
sont ses fondements, ses avantages, ses inconvénients et ses
obstacles à son application ?
Dans le cinquième chapitre intitulé : Le numérique
au service de la classe inversée, rédigé par Abla Houichi,
l’auteure expose les liens entre les outils technopédagogiques
et les conceptions de l’apprentissage.
L’auteure réfléchit également sur la perception d’utilité
du numérique et les TICE pour la classe inversée. Des
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opportunités offertes par le numérique pour faciliter des cours
inversés. L’intégration des TICE dans les formations fait
émerger de nouvelles questions : comment collecter et planifier
les contenus ? Comment rendre les étudiants acteurs de leur
apprentissage à distance ? Comment vérifier s’ils travaillent
?Comment les accompagner hors cours et comment favoriser
une collaboration permanente au sein de l’équipe enseignante
tout au long du processus enseignement-apprentissage ?
CHAPITRES 6 À 12 : POTENTIALITÉS PÉDAGOGIQUES
ET ṂÉTHODOLOGIQUES DE LA PÉDAGOGIE INVERSÉE:
THÉORIE ET PRATIQUE
Dans le sixième chapitre intitulé : Etude comparative des
effets de la classe inversée sur l’enseignement-Apprentissage
de l’éveil scientifique dans le primaire tunisien, Kouki
Anoir présente une étude comparative sur l’expérimentation
de la classe inversée et la classe traditionnelle des classes de
6ème année primaires tunisiennes. Les résultats de cette étude
empirique montrent une nette amélioration dans l’assimilation
des concepts scientifiques enseignés, la motivation et
l’autonomie chez les élèves expérimentés. En plus, le gain du
temps offert par cette pédagogie expérimentée a permis aux
élèves de réaliser en présentiel des activités de créativité, de
synthèse et d’évaluation en classe.
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Le septième chapitre intitulé : La classe inversée : que peutelle
apporter aux étudiants ? Samia Ilhem Nouadri, interroge
le jumelage d’un enseignement à distance et apprentissage en
présence, l’apport et l’efficacité dans les pratiques pédagogiques
chez les apprenants de la deuxième année LMD en langue 2
dans le développement des compétences de production orale.
En raison de démontrer que cette approche vise à apaiser les
difficultés rencontrées chez les apprenants à la réception (la
compréhension) et à la production (l’expression) orale.
Dans le huitième chapitre intitulé : Retour d’expérience
(et réflexions) sur une pratique innovante de la pédagogie
inversée à l’université en cours de littérature(s) à l’oral (en
classes de Licence, Lettres et Langue Française à l’U.8 mai
1945 Guelma), Nadjat Laib propose quelques réflexions, un
retour d’expérience sur la mise en pratique de la pédagogie
inversée à l’université en cours de littérature(s) à l’oral au
cours de deux années universitaires de suite (2016-2017 &
2017-2018) en classes de Licence au département des lettres et
langue française.
L’auteures souligne l’importance de la modernisation
de nos postures enseignantes à l’ère du numérique, de la
transdisciplinarité dans les systèmes éducatifs et de formation
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dans nos établissements supérieurs. L’envie d’apporter
un changement dans le programme des enseignements de
l’oral provient du constat que de nombreux étudiants sont
démotivés, trouvent la séance ennuyeuse, ils n’interagissent
pas volontairement ou ne s’expriment en classe que quand ils
sont interrogés ou interpelés par l’enseignant en affichant une
certaine passivité tendancielle en classe de langue française. Ce
qui se répercute sur leurs résultats académiques.
L’auteure présente les résultats empiriques sur l’efficacité et
l’appréciation de la classe inversée en enseignement supérieur.
Selon l’auteure, cette pratique inversée vise à développer des
techniques d’enseignement-apprentissage efficaces centrées
sur l’étudiant dans le but de l’aider à acquérir et perfectionner
ses méthodes d’apprentissage, des compétences transversales
et à performer son travail académique, d’une part. De l’autre,
de donner des résultats meilleurs en termes d’apprentissage
(autonome, actif, progressif « réel, et durable » basé sur les
possibilités qu’offre le numérique et au bénéfice des étudiants
dans le contexte actuel du travail et de la recherche académiques.
Le neuvième chapitre intitulé : Présentation d’une
expérience sur quelques tâches d’enseignement effectuées
via Messenger - entre une enseignante et des étudiants de
niveaux: Master 2, Master 1 et Licence 3, en Psychologie
clinique, Université de Mohamed Boudiaf M’sila - rédigé
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par Kharkhache Asma, et Souhila Kharkhache, les auteures
relatent l’expérience en matière d’enseignement à distance
à l’aide des médias sociaux qui a été présentée par une
enseignante du département de psychologie avec des étudiants
de niveaux: Master 2, Master 1,Licence 3, en Psychologie
clinique, de l’université de Mohamed Boudiaf à M’sila, dans
des conditions d’enseignement particulières liées à la pandémie
Covid-19 pour l’année académique 2020-2021.Il a été suggéré
par l’enseignante de construire une relation virtuelle en utilisant
une méthode communicative à travers l’utilisation de groupes
fermés via Messenger, où un groupe Messenger a été formé pour
chaque groupe, afin d’assurer la confidentialité en échangeant
différents types de fichiers.
Les auteures identifient et présentent les étapes pour réussir
la transformation d’un cours, le choix du système de gestion
des apprentissages et leur intégration.
Dans le dixième chapitre intitulé : La classe inversée :
réalités théoriques et perspectives Fella Gaoudi propose à
partir d’une observation personnelle sur terrain et ce depuis bien
des années, il lui semble que bien souvent toutes les approches
qu’on vient de citer sur la pédagogie inversée sont présentés
toutes en s’inter-mêlant, nous avons vu des apprenants qui sont
actifs en classe ‘’s’inter-activent ‘’(une interaction) avec ceux
qui ont un niveau meilleurs tout comme avec ceux ayant un
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niveau inférieur surtout durant les travaux de groupes, nous
les avons vus aussi apprendre et fournir des efforts seuls afin de
résoudre des problèmes auxquels ils sont confrontés.
Dans le onzième chapitre intitulé : La pédagogie inversée
au service de l’apprentissage en profondeur, Amira Souames
nous explique comment développer les six compétences
globales liées ặ l’apprentissage en profondeur par le biais de
la pédagogie inversée. L’auteure nous presente à travers son
étude la façon dont la pédagogie inversée pourrait optimiser
l’apprentissage en profondeur.
Dans le douzième et le dernier chapitre intitulé : فاعلية المقررات
الالكترونية ف يجودة التعليم (l’efficacité des programmes scolaires
électroniques sur la qualité de l’enseignement) rédigé par
Amina Chentouf ; l’auteure traite des transformations des
enseignements de la formation en ligne en exposant le cas de
l’intégration des programmes électroniques. Après une mise en
contexte suivie du cadre conceptuel et de sa méthodologie qui
consiste en entretiens, l’auteure détaille les résultats en passant
par le processus d’accréditation